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Analyse

Et pourquoi pas six milliards? En attendant un peu pour revendre Adidas, le Lyonnais aurait pu tripler ses gains.

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publié le 26 janvier 1998 à 16h56

«Le problème n'est pas de savoir si le Crédit Lyonnais a gagné 1 ou

2 milliards de francs sur Adidas, mais plutôt pourquoi il n'en a pas gagné 6 ou 7.» La question est posée par un ancien dirigeant de la banque publique. Autrement dit: quitte à détourner à son profit une partie de la plus-value, pourquoi le Lyonnais n'est-il pas allé jusqu'au bout de la démarche?

En février 1993, quand la banque reprend Adidas à Bernard Tapie pour 2 milliards, l'entreprise est en passe d'être restructurée (la production est délocalisée en Asie), l'introduction en Bourse est planifiée ­ elle se fera au prix de 11 milliards de francs. Dès lors, pourquoi l'avoir vendue entretemps à Robert Louis-Dreyfus pour 4,5 milliards? Si le Lyonnais avait patienté un an de plus, il aurait touché l'intégralité du pactole.

Adidas échappe au CDR. La thèse officielle est le respect du dogme mitterrandien du «ni-ni» (ni nationalisation, ni privatisation): le Lyonnais ne pouvait décemment pas racheter Adidas, une telle nationalisation aurait été mal vue outre-Rhin. Mais notre ancien dirigeant a une autre explication ­ plus glauque.

A l'époque, le deuxième plan de sauvetage de la banque est en préparation: toutes les participations industrielles du Lyonnais vont être transférées dans une structure ad hoc, le CDR (Consortium de réalisation), à charge pour lui de les céder petit à petit; par contre, tous les prêts bancaires sains resteront dans le giron du Lyonnais.

Au départ, Adidas fait partie de la première catégorie.