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Libération

La lettre du juge Murciano. Il recueille par hasard des confidences. Qu'il transmet à sa collègue Eva Joly et à Bernard Tapie.

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publié le 26 janvier 1998 à 16h56

L'interminable feuilleton Adidas a été relancé par le juge

Jean-Pierre Murciano, basé à Grasse. Le 10 septembre dernier, il interroge Michel Gallot, ancien président de la SDBO (filiale du Lyonnais) plusieurs fois mis en examen. L'audition porte sur une des affaires cannoises de Michel Mouillot. Rien à voir avec Adidas, sauf que les deux hommes, une fois l'interrogatoire terminé, papotent librement. Gallot lui raconte alors comment le Lyonnais a gagné «1,5 milliard, voire plus», grâce à Adidas, comment cette histoire a soulevé des problèmes «déontologiques» au sein de la banque, que tout cela relève d'un «secret» partagé entre une poignée de hauts dirigeants.

Sur l'instant, Murciano ne tilte pas. Mais, à la suite d'une émission télé sur les affaires du Crédit Lyonnais, il se décide à rédiger une lettre à l'intention de Bernard Tapie et Eva Joly, la juge parisienne chargée de la plupart des dossiers. Cette missive, évoquée dans le récent livre de André Bercoff (1), a depuis fait le tour de la capitale ­ lire extraits ci-contre.

«On n'a jamais caché s'être fait un beurre pas possible», rétorque la direction du Crédit Lyonnais. Néanmoins, la banque a longtemps fait en sorte que personne ne sache combien. Cette volonté de dissimulation se retrouve dans les moindres détails. En 1993, le Crédit Lyonnais possédait officiellement 19,9% du capital d'Adidas. Pourquoi 19,9%? Parce qu'à partir de 20%, il aurait dû consolider cette participation dans ses comptes et surtout déclarer le mon