Sous la torture, le Crédit Lyonnais commence à passer aux aveux: il
a bien réalisé une plus-value de 2 milliards de francs sur Adidas et sur le dos de Bernard Tapie. Lequel tient enfin sa revanche: il s'est fait entourlouper par la banque publique, mais, tout compte fait, ce rôle de victime lui convient mieux que celui de dilapidateur de l'argent du contribuable. L'intervention inopinée du juge Jean-Pierre Murciano dans l'affaire Adidas (lire ci-dessous) a fait l'effet d'un coup de pied dans la fourmilière. De partout les langues se délient et on commence à en savoir un peu plus sur cette satanée plus-value. Notamment que le Crédit Lyonnais a touché 25% du pactole lorsque Adidas a été introduit en Bourse.
Pour mémoire, Tapie a acheté Adidas en 1990 pour 1,6 milliard, l'a revendu au Crédit Lyonnais en 1993 pour 2 milliards, lequel l'a revendu à Robert Louis-Dreyfus (RLD) en 1994 pour 4,4 milliards, lequel l'a introduit en Bourse en 1995 pour 11 milliards. Aujourd'hui, Adidas cote 32 milliards et RLD a cédé presque toutes ses parts. Au total, les différents protagonistes ont empoché une plus-value proche de 10 milliards, mais très inégalement répartie.
Le mieux servi est Robert Louis-Dreyfus. Il admet officiellement avoir gagné 2,5 milliards de francs. Pas mal, pour une personne qui n'a quasiment pas mis un sou dans l'affaire. En effet, le Crédit Lyonnais lui a systématiquement avancé les fonds pour se payer Adidas. En février 1993, RLD acquiert 15% du capital: le Lyonnais lui