Pierre Boisard, chercheur au Centre d'études pour l'emploi,
travaille sur l'annualisation du temps de travail. «Le passage aux 35 heures, c'est évident, va augmenter les besoins de flexibilité horaire des entreprises et vraisemblablement accroître l'usage du temps partiel annualisé. C'est en effet le seul contrat de travail qui permet actuellement à un employeur de moduler les horaires sur l'année, sauf à passer par un accord collectif compliqué à mettre en oeuvre. La formule, initiée par la loi quinquennale de 1993, connaît d'ailleurs un succès grandissant: de plus en plus d'entreprises y ont recours pour gérer leurs fluctuations d'activité. »Lorsqu'il se substitue à du travail temporaire, ce type de contrat représente plutôt un progrès. Même s'il n'a pas d'horaires fixes, le salarié à temps partiel annualisé bénéficie généralement d'un contrat à durée indéterminée, donc d'une garantie d'heures et de salaire. La loi prévoit qu'il connaisse à l'avance ses périodes travaillées et non travaillées de façon à ce qu'il puisse organiser sa vie personnelle ou avoir une autre activité.
»En réalité, l'annualisé est encore souvent le dernier maillon de la chaîne, celui qu'on appelle au coup par coup et qui accepte faute de mieux. Les garde-fous légaux ne sont pas suffisants, surtout dans un contexte où le chômage pousse les gens à accepter n'importe quoi. »Pratiqué de la sorte, le temps partiel annualisé contribue à développer de la précarité à l'intérieur de l'entreprise, à creuser