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Le monde selon «SAP». Un rêve de big boss, une révolution douloureuse.

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Une multinationale qui se gère comme une PME, c'est possible. SAP, logiciel sur-puissant, s'occupe de tout: gestion du personnel, des stocks ...
publié le 14 février 1998 à 20h13

Fin janvier, Christian Pierret, secrétaire d'Etat à l'Industrie, reçoit dans ses bureaux de Bercy des syndicalistes CFDT de Colgate Palmolive France. Pour parler" d'un progiciel (logiciel comportant une partie sur mesure) en cours d'implantation dans la filiale française du lessivier américain. Il est assez banal qu'un changement d'outil informatique perturbe les salariés d'une entreprise. Beaucoup plus rare que l'affaire retienne l'attention d'un ministre. Le progiciel en question ­ le «R/3» de la société allemande SAP ­ est un animal très spécial. Utilisé à plein régime, il peut transformer radicalement l'organisation des groupes, et menacer pas mal d'emplois. Depuis quelques mois, il se répand comme une traînée de poudre dans les entreprises françaises.

Le «SAP» est un «progiciel d'intégration», une machine à mouliner et à connecter toutes les informations disponibles dans un groupe. Un vrai fantasme de chef d'entreprise «globale». De son quartier général, big boss peut disposer, quasiment en temps réel, de l'état des stocks, des commandes, des comptes de tout son groupe. Mieux encore, les données sont reliées entre elles, et toute modification déclenche automatiquement une réaction en chaîne. Qu'un commercial entre une commande sur son portable, et SAP s'occupe du reste: il calcule le prix avec rabais éventuel, localise les stocks disponibles, planifie les productions complémentaires, alerte la direction du personnel quand un renfort de main-d'oeuvre est nécessaire, regar