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Libération

La crise asiatique met les taux au plus bas. Les capitaux réfugiés en Occident ramènent le prix de l'argent à 5%.

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publié le 16 février 1998 à 18h06

En Asie, des millions de salariés vont se retrouver au chômage cette

année, à cause de la crise financière qui s'est abattue sur l'Indonésie, la Corée ou la Thaïlande. Dans le même temps, en Occident, des millions de ménages vont pouvoir s'acheter un appartement à bon prix. Le malheur des uns fera le bonheur des autres.

Le rapport entre les deux phénomènes a pour nom de code, en France, OAT 2008 à 5%. Décrypté, cela signifie que le rendement des emprunts de l'Etat français (OAT: obligations assimilables du Trésor) à dix ans (échéance 2008) a atteint vendredi un de ses plus bas niveaux historiques: 5%. Autrement dit, les taux d'intérêt à long terme sont plus faibles que jamais ­ ils «débandent», dit-on en jargon obligataire. Grâce à la crise asiatique.

C'est une formidable leçon de choses de l'économie moderne. Les capitaux internationaux ont été à l'origine du boom en Asie, en investissant massivement ce nouvel Eldorado. Puis, ils ont accentué le krach, en désertant subitement et massivement Djakarta, Séoul ou Bangkok. Depuis, ces capitaux baladeurs cherchent à se poser quelque part. Ils se sont réfugiés sur ce qu'il y a de plus sûr: les marchés obligataires occidentaux.

Le marché obligataire est l'endroit où les gouvernements viennent emprunter de l'argent pour financer leurs déficits budgétaires. A Paris, l'Etat français absorbe à lui tout seul 75% des capitaux disponibles sur le marché. C'est lui qui donne le la: plus il emprunte, plus il doit promettre un rendement élevé, pl