Djakarta, correspondance.
L'Indonésie semble lancée dans une logique du pire. Malgré la mise en garde très ferme adressée la semaine dernière par le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Michel Camdessus, le président Suharto n'a pas pris la peine de répondre, hier, aux critiques formulées contre son projet de figer la parité entre la roupie et le dollar et d'opter pour une politique monétaire «automatique» (technique du «currency board», lire Libération de vendredi). Dans une lettre adressée au chef de l'Etat indonésien, Michel Camdessus a menacé de suspendre le paquet d'aide de 43 milliards de dollars promis par le FMI si Suharto ne revenait pas sur ses intentions. Camdessus estime que les réserves en devises de la banque nationale sont bien insuffisantes pour mener un tel projet. Hier, le ministre du Plan de développement national, Ginanjar Kartasasmita, a invité «ceux qui s'opposent à notre projet à proposer une meilleure alternative». Une fin de non recevoir. Le président Suharto, qui prépare l'élection présidentielle de mars, semble prêt à s'obstiner: pour lui, l'enjeu est plus politique qu'économique.
Le Président doit faire face à une tension sociale croissante, principalement liée à l'emballement de l'inflation. Ces deux dernières semaines ont été marquées par une flambée de violence, dirigée principalement contre les commerçants chinois: ils ont été les premiers à avoir dû répercuter la hausse des prix des produits importés, consécutive à la dév