Le mauvais oeil s'est posé un jour de février 1997 sur les principaux
marchés des matières premières et ne les a pas lâchés depuis. Entre les secousses de la crise asiatique et la surproduction mondiale de pétrole, les incertitudes sur la stratégie de la banque centrale européenne et la douceur de l'hiver dans l'hémisphère Nord, tout s'est conjugué pour faire chuter les cours. Pétrole, cuivre, nickel, plomb, zinc, or sont pour la plupart au plus bas. Menaçant de déstabiliser gravement ces grands pays producteurs que sont les monarchies du Golfe, la Russie, l'Australie, le Canada ou l'Afrique du Sud. Et les experts ne sont guère optimistes pour 1998. Les matières premières réagissant à des facteurs très «psychologiques», la crise est semble-t-il durable, car personne, pour l'heure, n'en voit la sortie. Pétrole. Le baril de pétrole, hier, est ainsi tombé à son plus bas niveau depuis quatre ans, à quelque 14,4 dollars, dans la perspective d'un règlement diplomatique de la crise entre Bagdad et Washington (voir pages Monde). Et, paradoxalement, des bombardements américains sur les infrastructures irakiennes qui élimineraient Bagdad du marché ne feraient pas durablement remonter les cours. Le problème de fond, celui de la surabondance écrasante de l'offre, resterait en effet entier. En décidant au mois de décembre de relever leurs plafonds de production, les pays de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) ont adopté une stratégie suicidaire au moment même où la