Le britannique British Aerospace (BAe) a annoncé hier des résultats
insolents: un bénéfice en hausse de 31%, à 6 milliards de francs, un chiffre d'affaires de 85 milliards et un carnet de commandes de 221 milliards!" De quoi faire pâlir le français Aérospatiale et l'allemand Dasa, alors que les trois grands constructeurs aéronautiques européens ont entamé entre eux des négociations destinées à fixer leurs poids respectifs dans la société européenne Airbus en cours de constitution. Aérospatiale, qui vient de filialiser ses activités pour mieux se préparer aux restructurations, va annoncer un chiffre d'affaires de quelque 55 milliards pour un bénéfice dépassant le milliard de francs. Dasa prévoit un bénéfice opérationnel de quelque 1,3 milliard de francs pour une activité de 50 milliards. Le poids de BAe est donc écrasant en Europe alors que sa participation dans Airbus ne dépasse pas 20% contre 37,9% chacun pour Aérospatiale et Dasa. C'est en effet le militaire qui «tire» les résultats de BAe grâce notamment au contrat de l'avion de combat Eurofighter. D'où la volonté du gouvernement français d'associer Dassault à Aérospatiale dans les regroupements futurs. Le numéro 1 de BAe, Dick Evans, reste d'ailleurs prudent sur les manoeuvres en cours, estimant qu'il reste des «obstacles majeurs» à surmonter. Le temps presse, pourtant. Paris, Bonn et Londres ont demandé à BAe, Aérospatiale et Dasa de bâtir pour le 31 mars un vaste projet de regroupement aéronautique européen, civil et