Menu
Libération

L'économiste qui refusait la pensée automatique. Le gouverneur de la banque centrale a payé de son poste son opposition.

Article réservé aux abonnés
publié le 24 février 1998 à 18h51

Djakarta, correspondance.

Sudradjad Djiwandono a quitté, jeudi, son bureau de président de la Bank of Indonesia, où le président Suharto a installé son successeur, Sjahril Sabirin. L'intéressé a fermement démenti avoir de lui-même demandé sa démission. Le secrétaire d'Etat, Moerdiono, s'est, lui, contenté d'expliquer que le mandat du responsable, qui jouit formellement du rang de ministre, était sur le point d'arriver à son terme le 1er mars (comme l'ensemble des membres du gouvernement) et que par conséquent il était naturel qu'il cède sa place. Une explication pour le moins alambiquée qui n'a trompé personne: Djiwandono paie en fait son opposition au projet du président Suharto d'établir un lien fixe entre le cours de la roupie et le dollar américain.

Formé aux Etats-Unis, cet économiste respecté par la communauté financière internationale avait été nommé gouverneur de la banque centrale en mars 1993, au terme d'un joli parcours: ministre du commerce depuis 1988, il fut auparavant expert à la tête du Conseil monétaire et responsable du bureau chargé de la monnaie et des finances publiques au Conseil pour le plan de développement national.

Djiwandono s'était fait remarquer par sa détermination à restructurer l'industrie bancaire. A partir de 1995, il a mis en place des mesures destinées à favoriser des pratiques bancaires plus saines et transparentes, à fixer des normes régissant les audits internes, et à promouvoir l'autorégulation du secteur bancaire. Un combat qui l'a condu