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Libération

Les conséquences de la crise asiatique. La bonne idée du président indonésien exaspère le FMI. L'organisme international s'oppose à l'instauration d'un «currency board».

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publié le 24 février 1998 à 18h51

Depuis le début de l'année, la tension est à son comble entre

Jakarta et le reste de la planète. Oubliant un instant Saddam Hussein, Bill Clinton vient de téléphoner deux fois au président indonésien, Suharto. Au pouvoir depuis trente et un ans, ce ploutocrate avait adressé un bras d'honneur aux pays occidentaux. «Nous sommes en crise avec l'Indonésie», reconnaît un responsable français. Et à propos de quoi? Pas de la famine qui menace ce pays. Simplement, Suharto a décidé de mettre en place une banque centrale pilotée par ordinateur" Une véritable déclaration de guerre: aussitôt, le FMI a menacé de suspendre son plan de sauvetage de 43 milliards de dollars.

Habituellement, une banque centrale est dirigée par des êtres humains. Des gens généralement très orthodoxes, prêts à sacrifier le taux de croissance pour défendre la valeur de la monnaie et la stabilité des prix: ils augmentent les taux d'intérêt dès les moindres prémices de dérapage. Mais on ne sait jamais, car ces grands argentiers pourraient un jour faire preuve d'un peu d'humanité et laisser filer la monnaie. D'où l'idée de les remplacer par un logiciel, afin de sécuriser un peu plus les investisseurs financiers.

On appelle cela le currency board, ou directoire financier. La valeur de la monnaie est fixée arbitrairement (généralement en liaison avec le dollar américain); les taux d'intérêt ne sont plus qu'une simple variable d'ajustement, dussent-ils grimper jusqu'à 200% en quelques secondes. L'activité économique pe