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Libération

En France, une «pénurie» des plus opportunes.

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publié le 26 février 1998 à 19h01

Les Etats-Unis manquent d'informaticiens? Nous aussi, clame le

Syntec. Le Syndicat des sociétés de services informatiques (SSII) l'a dit et répété: les grands chantiers du passage à l'euro, de la chasse au bug de l'an 2000 et des nouveaux réseaux donnent tant de travail que la France est en rade de 5 000 à 10 000 informaticiens. Mais que vaut ce chiffre? Pas grand-chose, et c'est le Syntec lui-même qui le reconnaît. «Il y a pénurie, c'est sûr, mais personne n'est capable de la chiffrer, est obligé d'admettre Pierre Dellis, délégué général de l'organisme. En mettant le haut de la fourchette à 10 000, on est sûr que cela frappera les esprits et que cela fera des titres dans la presse.» On appelle cela de la communication.

Cet aveu du Syntec ne relève pas de l'élégance, mais de l'évidence. Si le marché de l'emploi était si tendu dans l'informatique, les salaires grimperaient en flèche. Or ce n'est pas le cas. Selon une enquête qui sera prochainement publiée, le salaire des débutants n'a progressé que de 3 à 6% entre janvier 1997 et janvier 1998 (1). «Nous nous attendions à beaucoup plus, constate Pierre Dellis. Mais il est vrai que les sociétés de service rejettent les candidats dont les prétentions de salaires sont jugées trop élevées.»

Si les employeurs américains crient à la pénurie, c'est pour embaucher des étrangers à bas prix, dénoncent les syndicats. En France, les SSII y vont de leur cri d'alarme pour bénéficier d'emplois-jeunes (la demande a été faite) et sans doute auss