La Bourse a toujours adoré la gauche au pouvoir. Le gouvernement
Jospin vient de lui accorder un ultime coup de pouce fiscal, noyé dans le fatras habituel des DDOEF (diverses dispositions d'ordre économique et financier), adopté hier en Conseil des ministres.
Il s'agit de permettre aux grandes entreprises cotées en Bourse de racheter leurs propres actions. Pourquoi faire? Tout simplement parce que ces sociétés croulent sous les bénéfices depuis des années, au point qu'elles ne savent plus quoi en faire elles investissent très peu. Tout ce qui n'est pas distribué aux actionnaires sous forme de dividendes reste dans les coffres. Cette trésorerie est bien sûr placée, mais elle est inutile, elle n'a plus rien à voir avec l'objet social de la société. D'où l'idée de rendre l'argent aux actionnaires, en rachetant une partie de leur actions. Selon le banquier Bernard Esambert, qui a beaucoup milité dans les couloirs de Bercy, on pourrait ainsi leur distribuer 40 milliards de francs par an.
Le texte gouvernemental ne se contente pas de légaliser le rachat par une entreprise de ses propres actions (dans la limite du 10% du capital), il l'encourage fiscalement. Un actionnaire qui se fait rembourser ses titres devrait être taxé au titre de l'impôt sur le revenu: il achète une action 100 francs, l'entreprise lui rachète 150 francs, il doit déclarer 50 francs de revenu imposable, selon le barême de l'impôt sur le revenu (jusqu'à 54%). Grâce aux DDOEF, il «bénéficierait» (c'est le terme u