Peut-on imaginer Jean-Pierre Gaillard, chroniqueur fétiche des
boursicoteurs français, renoncer au bulletin de santé quotidien sur son très cher CAC 40, l'indice de la Bourse de Paris? Evidemment non. Et pourtant, à moins d'un an du lancement de la monnaie unique, une nouvelle génération d'indices boursiers menace de reléguer au musée de la finance leurs ancêtres nationaux: le CAC 40 français, mais aussi le Footsie londonien, le Dax allemand" Hier, la Bourse de Paris (SBF), la Deutsche Börse et la Bourse de Zurich, en partenariat avec la société américaine Dow Jones, ont lancé la famille Stoxx (Euro Stoxx 50, Stoxx 50, Euro Stoxx et Stoxx) avec une ambition claire: faire de cet indice européen la référence pour les investisseurs du monde entier.
De quoi semer le trouble dans la communauté financière. Car l'idée est tellement bonne que d'autres y ont déjà pensé: au printemps 1997, la Bourse d'Amsterdam et la City londonienne ont conjointement lancé le premier indice réellement européen, l'Eurotop 100. La place de Londres représentant à elle seule la moitié de la capitalisation boursière européenne, la bataille semblait perdue pour les continentaux, avant même d'être engagée.
«Il y a un an et demi, nous avons retourné le problème dans tous les sens, reconnaît la SBF. Si nous lancions seuls un indice européen concurrent d'Eurotop, nous étions sûrs de nous faire laminer. Les Allemands sont arrivés à la même conclusion.» Seul un axe franco-germano-helvétique permettait de contrer l'