«Ils nous ont emmurés!», chuchote une employée de l'Association
française des banques (AFB), «mais vous savez, si je pouvais, je serais dehors avec eux». Devant le 18 de la rue Lafayette, c'est l'effervescence; des dizaines de salariés de banque se sont reconvertis pour l'occasion en terrassiers de choc. Une couche de parpaing, une couche de ciment et, quelques minutes plus tard, l'entrée principale du siège de l'AFB est condamnée sous les applaudissements de plusieurs milliers de manifestants (3 000 selon la police, 10 000 selon les syndicats). «Ça ne les empêchera pas d'aller déjeuner; s'ils le veulent, ils peuvent sortir par le parking», plaisante Bernard Duffy, délégué de la fédération CGT banque. Mais l'avertissement est clair: les salariés des banques ne laisseront pas les patrons saboter leurs acquis sociaux. Un conflit social d'envergure, la banque n'en avait pas connu depuis 1991. En avril 1997, l'abolition du décret de 1937 qui régissait les horaires d'ouverture des agences n'avait pas mobilisé la profession. Cette fois, en dénonçant unilatéralement le 2 février, en plein débat sur les 35 heures, la convention collective de la branche, l'AFB a plongé dans le désarroi quelque 250 000 salariés. Car ce faisant, l'association qui représente le patronat des banques commerciales, s'attaquait de front à deux sujets tabous: l'augmentation des salaires le point bancaire et les primes d'ancienneté sont négociés au niveau de la branche et l'emploi en cas de licenciemen