Kuala Lumpur, envoyé spécial.
La Malaisie a ses médailles d'or du gigantisme. Culminant à 451 mètres au coeur de Kuala Lumpur, les Petronas Towers sont, à l'heure actuelle, les plus hauts gratte-ciel au monde. Au pied des jumelles, des panneaux indiquent la direction du nouvel aéroport international de la capitale malaisienne, le plus grand en Asie du Sud-Est et l'un des plus modernes de la planète. Avec ses 13,5 kilomètres, le pont reliant l'île de Penang au continent, au nord du pays, est le plus long en Asie. Et les architectes malaisiens planchent sur le projet d'un pont de 95 kilomètres qui, lui, sera le plus long au monde, reliant le pays à l'Indonésie, à travers le détroit de Malacca.
Lancés par le gouvernement du Premier ministre Mohammed Mahathir, ces réalisations futuristes, ambitieuses et coûteuses font partie d'un plan de développement appelé Vision 2020 et censé faire accéder, à cette date, la Malaisie au rang des pays industrialisés. Mais, avec la crise et un taux de croissance passé de 6 à 3%, l'utilité de toutes ces infrastructures, en projet ou déjà en chantier, est aujourd'hui remise en cause.
Pour certains observateurs, c'est cette «folie des grandeurs» qui est, en partie, responsable de l'actuelle récession en Malaisie. «La plus grande part des investissements n'a pas été réalisée dans des secteurs productifs. Elle a été motivée par l'orgueil et le désir de prestige», commente un conseiller économique en poste à Kuala Lumpur. «Les gratte-ciel, les superautor