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Libération

L'an dernier, un Américain sur dix a goûté la soupe populaire. Parmi ces nouveaux pauvres, beaucoup ont un emploi.

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publié le 13 mars 1998 à 22h49

New York, de notre correspondant.

Les fruits de la prospérité américaine ne sont pas pour tout le monde. A en juger par nombre d'indicateurs, les Etats-Unis connaissent actuellement une santé économique éclatante: une croissance ininterrompue depuis 1993, le plus faible niveau de chômage depuis plusieurs décennies, une Bourse à des sommets historiques" Mais, pour les plus pauvres des Américains, les signes d'amélioration se font toujours attendre. D'après un rapport publié cette semaine par Second Harvest, la principale banque alimentaire aux Etats-Unis, 26 millions d'Américains (1 sur 10) ont, l'an dernier, eu recours aux soupes populaires, aux foyers et aux services alimentaires d'urgence. Et, faute de nourriture en quantité suffisante, des dizaines de milliers de personnes ont dû être refusées dans ces centres.

Ces victimes de la faim sont en majorité des femmes (62%) des enfants (38% ont moins de 17 ans) et des personnes âgées (16% ont plus de 65 ans). Et, contrairement aux clichés tenaces, ils sont en majorité blancs et vivent à l'écart des ghettos urbains: 47% de ceux qui font appel à l'aide alimentaire sont blancs, contre 32% qui sont noirs (alors qu'ils représentent respectivement 83% et 12% de la population américaine) et 14,6% hispaniques. Enfin, le travail n'est pas nécessairement un remède contre la misère: 28% d'entre eux ont un travail, et dans près de 40% des familles concernées une personne au moins a un emploi.

Cette enquête a été menée au premier trimestre de