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Libération

La baisse du pétrole ne fait pas tache d'huile. Pourquoi le prix de l'essence n'a pas suivi la chute du brut.

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publié le 13 mars 1998 à 22h48

C'est une tradition. En France, lorsque le prix du pétrole monte,

l'automobiliste constate qu'il paie son essence plus cher. Et quand le prix du pétrole baisse" il ne constate rien: les prix à la pompe ne bougent pas, ou si peu. Quelqu'un, forcément, met la différence dans sa poche. Qui? «Les compagnies pétrolières», accuse Didier Migaud, député PS de l'Isère (lire interview). «L'Etat, qui nous écrase de taxes», rétorquent, indignées, lesdites compagnies.

Dans cette affaire, ni le député ni les pétroliers ne sont tout à fait de bonne foi. Le premier glisse un peu vite sur l'augmentation de la taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP) décrétée par le gouvernement ­ et votée par la majorité plurielle ­ à la fin de l'année dernière. Celle-ci a renchéri le litre de carburant de 10 centimes en janvier, soit une manne de 4,3 milliards supplémentaires pour l'Etat, qui va porter à 155 milliards le produit annuel de la TIPP (la moitié de l'impôt sur le revenu). Les pétroliers ont pris l'habitude de ces augmentations de fin d'année, ces «recettes de poche», comme on dit, bien utiles pour boucler le budget de l'Etat. Ils les anticipent. Et, sachant qu'une prochaine hausse des taxes va rogner leurs marges, moins élevées que dans d'autres pays européens, ils compensent par avance le manque à gagner en ne répercutant pas, ou pas intégralement, une éventuelle baisse du brut.

C'est ce qui s'est passé cette année. La chute des cours s'est peu ressentie sur les prix à la pompe, sauf pou