Les cours du pétrole sont décidément suspendus à peu de chose. Il a
suffi que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) reporte de quatorze jours son conseil de surveillance du marché pour que le prix du baril passe de 13,02 à 13,15 dollars (contre 12,9 la veille). C'est que cette réunion du 16 mars était promise à l'échec depuis que les deux membres les plus influents du cartel, l'Arabie Saoudite et le Venezuela, avaient annoncé qu'ils ne s'y rendraient pas. En reportant ce comité au 30 mars, l'Opep donne non seulement le signe qu'elle prend cette crise pétrolière au sérieux, mais offre aussi un délai de réflexion suffisant aux Saoudiens et aux Vénézuéliens pour que ceux-ci envisagent de participer à la fête.
L'enjeu est énorme. Le marché souffre d'une surabondance écrasante depuis que l'Opep a décidé de relever de 10% ses quotas de production en novembre, au moment où la crise asiatique commençait à faire plonger la demande. L'incapacité de ses membres qui représentent 55% de la production mondiale à s'entendre sur une réaction concertée a fait chuter les cours, cette semaine, à leur plus bas niveau depuis dix ans. Une situation qui fait l'affaire des Etats-Unis ou de la France, mais qui peut se révéler catastrophique pour des producteurs comme l'Iran, le Nigeria, l'Indonésie ou le Venezuela. L'Irak, par exemple, a déclaré hier qu'il «ferait face à de réelles difficultés» pour réaliser ses nouveaux objectifs de production fixés par l'ONU, si le prix du bari