La chose pourrait paraître curieuse, voire choquante: la France ne
sait pas quoi faire de son argent; elle vit en dessous de ses moyens. Cet argent, inutilisé à domicile, la France préfère s'en servir pour financer des investissements et des emplois à l'étranger. Une statistique mirobolante, publiée hier par Bercy, permet de l'affirmer: en 1997, l'excédent des paiements courants a atteint 233,1 milliards de francs, soit 2,9% du PIB. Record absolu.
Que signifie ce solde? La balance des transactions courantes mesure l'ensemble des échanges entre la France et le reste du monde: pas seulement les échanges de marchandises (la balance commerciale, excédentaire de 173,5 milliards en 1997), mais aussi les échanges de services (+102,3 milliards dont 66,6 milliards pour le seul tourisme), les intérêts de placements (+24 milliards), les salaires versés à l'étranger" Lorsqu'un pays a une balance courante déficitaire, c'est qu'il vit au-dessus de ses moyens: il verse plus d'argent qu'il n'en reçoit le pays s'endette. C'est le cas des Etats-Unis et, contrairement aux idées reçues, de l'Allemagne: cette dernière était traditionnellement excédentaire, mais a plongé dans le rouge depuis l'unification en 1990. Certes, son commerce extérieur (les seules marchandises) reste florissant, mais cela ne suffit pas: l'Allemagne, attire moins de touristes que la France, par exemple.
Lorsqu'un pays est excédentaire, c'est l'inverse: l'argent dont disposent les différents agents économiques (l'Etat, les