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Libération
Interview

«Je n'ai pas un patron, mais cinq». Licencié, ce vendeur au grand magasin ne sait vers qui se retourner.

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publié le 16 mars 1998 à 20h30

«Je travaille au premier étage du Printemps Haussmann depuis deux

ans. Je suis démonstrateur pour deux grandes marques d'électroménager, payé pour vendre leurs produits et rémunéré en fonction du chiffre d'affaires que je réalise. Là où ça se corse, c'est que lesdites marques ne m'emploient pas, le Printemps non plus d'ailleurs. Mes employeurs sont deux sociétés, appelons les X et Y. Ils mettent du personnel à disposition dans les magasins pour le compte des fabricants.

«En gros, je n'ai pas un patron, mais cinq. Le Printemps d'abord. Je suis censé respecter les horaires d'ouverture du magasin, passer par les chefs de rayon avant de poser des jours de récup' ou partir en vacances, lesquels chefs ne manquent pas de m'engueuler si j'arrive en retard. Ensuite, il y a les marques. Leurs représentants passent régulièrement relever et commenter mes chiffres de vente. Enfin, j'ai mes deux employeurs de façade, je dis de façade, parce que je ne les vois pratiquement jamais. J'ai été recruté sans avoir rencontré personne, tout s'est passé au téléphone. Je ne savais d'ailleurs pas qu'ils étaient deux. C'est en arrivant au Printemps que je me suis aperçu que je représentais deux marques, et que j'ai appris que j'aurais deux contrats, un de 113 heures et un de 56 heures. «Evidemment, je ne compte pas mes heures. S'il faut travailler un dimanche, j'en suis, et pourtant je ne suis pas payé plus. Une des sociétés me paye au pourcentage du chiffre que je réalise, l'autre me donne 5 à 150 fr