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Libération

L'Inde remet les pendules à l'heure du protectionnisme. Limiter les investissements étrangers, tel est le nouveau credo.

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publié le 17 mars 1998 à 20h36

New Delhi, de notre correspondant.

«Nationalisme économique», «protectionnisme renforcé», «priorité nationale», «Soyez indien, achetez indien»" Un nouveau credo a saisi la majeure partie de la classe politique et l'essentiel des milieux d'affaires, alors que les tractations postélectorales battent leur plein. Ici, on appelle cela le swadeshi, c'est-à-dire la «préférence à la production nationale». A l'heure de l'indépendance, ce concept constituait déjà le coeur de l'idéologie du Mahatma Gandhi: seul un volontarisme swadeshi pouvait rendre l'Inde autosuffisante et lui permettre d'avancer «avec ses propres forces». Il y a donc une certaine ironie à ce qu'à la veille du prochain millénaire un tel principe soit ainsi remis au goût du jour et reçoive la bénédiction du sérail politique, des rangs communistes à la droite nationaliste. Les nationalistes hindous du BJP (Parti du peuple indien), appelés à former le prochain gouvernement (1), ont fait de ce «patriotisme économique» la pierre angulaire de leur manifeste électoral. On peut notamment y lire que «le pays a besoin d'une période transitoire de cinq à sept ans pendant laquelle l'économie resterait protégée et permettrait ainsi aux industries nationales de devenir assez fortes pour affronter la concurrence mondiale». Nombre de capitaines d'industrie leur emboîtent le pas et militent pour freiner l'entrée du capital étranger.

Conséquence de la crise asiatique. Sept ans après le lancement des réformes, l'Inde s'interroge sur le