C'était il y a quelques années, lors d'un dîner mondain au domicile
familial où Arnaud Lagardère, timide et silencieux, côtoyait un grand ami de son père, Michel Rocard. Ce dernier, fils d'un des plus brillants physiciens français, lui glissa soudain en aparté: «Je sais ce que c'est, mon garçon: votre problème, c'est le père!» Difficile en effet de se forger une forte personnalité à l'ombre de Jean-Luc Lagardère. Lui-même fils unique, le patron de Matra et de Hachette a toujours rêvé de fonder une dynastie. Sur les épaules d'Arnaud, depuis sa naissance, pèse cette lourde ambition.
Et il faudra l'épreuve d'un terrible accident de la route, dans lequel il manquera de perdre la vie, pour qu'Arnaud éprouve réellement l'envie de se jeter dans la bataille. Entré dans le groupe en 1986 à 25 ans, après avoir décroché un diplôme d'études approfondies d'économie d'entreprise, il y est alors présenté comme «un manager comme les autres» dont le financier Philippe Camus est chargé de faire l'éducation. Mais cette arrivée ne trompe personne, surtout pas les barons de l'empire. Au sein du groupe, certaines mauvaises langues surnomment ironiquement «Son Emergence» ce jeune homme censé découvrir les «activités émergentes»" Fin 1992, alors que Jean-Luc Lagardère sort miraculeusement indemne de la faillite de La 5, c'est la société Arco (dirigée par Arnaud Lagardère et Philippe Camus) qu'il associe à la commandite dont il est désormais le gérant. Un premier signal. En 1994, Arnaud est nommé à l