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Chasse aux repas, pauses et trajets. La jurisprudence les range souvent comme temps à rémunérer.

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publié le 19 mars 1998 à 20h53

Depuis que les 35 heures sont dans les tuyaux, beaucoup

d'entreprises ont organisé une chasse au temps. Le jeu est simple; il consiste à déduire de la durée du travail tout ce qui n'est pas productif: trajet en voiture, pause casse-croûte" Dans une maison de retraite du privé, les salariés viennent ainsi d'apprendre que leurs horaires resteront inchangés. Explications de la direction: l'heure du repas, qu'elle paye aux personnels de soins puisque cette heure peut être interrompue pour les besoins du service, n'est pas du temps de travail. Résultat, l'entreprise estime être déjà à 34 heures! Même discours chez Renault Flins où syndicats et direction ont négocié, il y a quelque temps, une pause rémunérée de 30 minutes en fin de service. En déduisant ces 30 minutes quotidiennes de l'horaire hebdomadaire (37h40), la direction explique que les semaines sont déjà quasi de 35 heures" 35 heures virtuelles. En vertu de la législation sur le travail effectif, les pauses, l'habillage, les douches, les périodes d'attente entre deux prises de service, les temps de trajet, les astreintes ne sont en effet pas comptabilisés dans le temps de travail. «Aberrant», s'insurge Gérard Filoche, inspecteur du travail, qui constate un peu partout une explosion des horaires en toute légalité. «Si l'on ne revoit pas la notion même de temps de travail, le passage à 35 heures risque d'être virtuel dans beaucoup d'entreprises.» Le moins-disant l'emporte. Cette question suscite des débats dans les entrepr