Nicolas Sarkis est directeur du Centre arabe d'études pétrolières
qui publie, entre autres, la revue Pétrole et gaz arabe. Il analyse l'accord conclu ce week-end entre l'Arabie Saoudite, le Venezuela et le Mexique. Celui-ci met fin, selon lui, à une opération de «suicide collectif». Et ne prédit aucun affaiblissement de l'Opep, «une organisation qui, malgré ses faiblesses, fixe des points de repère».
La réunion de ce week-end était-elle prévisible?
Ce fut une vraie surprise. Au-delà du respect des quotas fixés par l'Opep, il y avait une raison de fond à la crise pétrolière de ces dernières semaines: c'était un bras de fer terrible entre les deux principaux exportateurs du cartel, l'Arabie Saoudite et le Venezuela, à propos de leurs parts de marchés respectives, notamment aux Etats-Unis. Jusqu'en 1995 en effet, l'Arabie Saoudite était le premier fournisseur de pétrole des Etats-Unis, une place qu'elle a perdue au profit du Venezuela. Le fait que ces deux pays aient pris l'initiative d'une telle réunion donne à leur accord une portée énorme. C'est le signal que le marché attendait. Il ne pouvait venir que des deux pays responsables de la crise.
Pourquoi Riyad et Caracas ont-ils mis un terme à leur bras de fer?
Depuis novembre, les prix ont chuté de 40%. Cela a fini par échapper à tout contrôle. C'est exactement ce qui s'est passé en 1986, quand il y a eu la guerre des prix entre l'Arabie Saoudite, le Koweït et les Emirats arabes unis pour riposter notamment à la hausse de la produ