Le ballet incessant des pelleteuses et des camions soulève un rideau
de poussière sur les rives du Tage: l'Exposition universelle de Lisbonne, qui démarre le 22 mai, n'est encore qu'un vaste chantier. Au bruit des marteaux-piqueurs, toute la capitale portugaise s'est mise à l'heure des grands travaux: refonte du périphérique, nouvelle ligne de métro, nouveau pont de 15 km sur l'embouchure du Tage. Une vaste rénovation, au prétexte de l'Expo, que certains comparent à la reconstruction de la ville après le tremblement de terre de 1755. A elle seule, l'Expo 98 générera un tiers de la forte croissance attendue cette année (3,8%). Une aubaine de plus pour un pays qui, depuis 1995, tourne déjà presque à plein régime, avec une hausse moyenne annuelle de 3% du PIB. Parti du plus bas de l'échelle, à son entrée dans la Communauté européenne en 1986, le Portugal n'est pas peu fier d'être admis aujourd'hui parmi les membres fondateurs de la monnaie unique. «Le Portugal mieux que l'Allemagne», a titré la presse quand les Quinze ont remis, fin février, à Bruxelles la copie de leurs résultats 1997. Personne n'aurait parié un escudo, au début des années 90, sur ce bout de la péninsule ibérique, qui traînait alors plus de 12% d'inflation et un lourd déficit public. Sur fond de total consensus politique, le centre droit du PSD, puis les socialistes, arrivés au pouvoir fin 1995, ont mené d'année en année une convergence en douceur, qui a porté ses fruits, sans s'avérer trop douloureuse pour l