«Le tueur a rengainé son flingue.» Depuis qu'il a appris
qu'Ernest-Antoine Seillière allait rencontrer le Premier ministre Lionel Jospin le 30 mars, ce patron de PME de l'est de la France, membre du CNPF local, ne décolère pas. Et, avec lui, bon nombre de ses collègues, chefs d'entreprise, prompts à dénoncer dans leurs fiefs respectifs la «capitulation en rase campagne» du président du CNPF. «Gandois a été berné, Seillière est blousé. Rencontrer Lionel Jospin cinq jours après le débat sur la loi des 35 heures en seconde lecture, ça n'a aucun sens. II n'aura plus rien à négocier», poursuit ce chef d'entreprise. La base patronale renâcle face à ce qu'elle considère, au mieux comme un revirement, au pire comme une trahison.
En décembre, ils portaient à leur tête un patron des patrons offensif, chargeant sabre au clair contre les 35 heures, promettant de se retirer des organismes paritaires si leur gestion devait entraîner une augmentation des charges patronales et jurant, main sur le coeur, qu'il n'était plus question pour les entreprises de quémander ici ou là de nouvelles aides. Aujourd'hui, voilà qu'Ernest-Antoine Seillière se rend à Matignon comme on va à Canossa et donne l'impression d'être ballotté au gré des agendas de ses interlocuteurs. Martine Aubry, la ministre de l'Emploi et de la Solidarité, n'a toujours pas indiqué la date précise à laquelle elle le recevra.
Mis en cause. Mieux, celui qui promettait aux petites et moyennes entreprises de ne plus les mettre sous la co