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Libération

Le porteur d'emprunts russes: appellation d'origine à contrôler. Les détenteurs de titres seront recensés avant d'être payés.

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publié le 3 avril 1998 à 0h16

Les porteurs d'emprunts russes sont, par la force des choses, des

gens patients. Cela fait maintenant soixante-dix ans qu'ils attendent d'être remboursés. Mais, au moment même du dénouement, la moutarde commence à leur monter au nez; il n'est plus question que de procès contre l'Etat français. Ainsi, la chronique des emprunts russes risque de perdurer au XXIe siècle.

L'examen en première lecture, hier, de la loi visant à organiser le recensement des porteurs de titres (noyée dans le fatras des DDOEF, lire page 16) cristallise le pataquès. D'abord, parce que les choses traînent en longueur. Le 26 novembre 1996, le Premier ministre Alain Juppé et son homologue Victor Tchernomyrdine signaient en grandes pompes un mémorandum: la Russie d'Eltsine acceptait d'honorer la dette de la Russie tsariste, interrompue par la révolution bolchevique. Le remboursement n'est pas énorme (400 millions de dollars, environ 1% de la créance actualisée), mais une page d'histoire était enfin tournée. Cette semaine, le rapporteur des DDOEF, Didier Migaud, a toutefois indiqué que le remboursement ne commencerait qu'en 1999. Trois ans de délais, alors que la Russie a déjà versé un tiers de la somme. A sa décharge, le gouvernement a voulu bien faire les choses: une première loi pour ratifier l'accord franco-russe, une deuxième pour lancer le recensement, une troisième à venir pour répartir la cagnotte. Conscient de l'agacement croissant des porteurs, le gouvernement leur a promis des intérêts de retard.

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