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Libération

Les niveaux de l'occulte.

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publié le 8 avril 1998 à 0h36

Une fois c'est «black», une fois c'est «informel», une fois c'est

«souterrain», une autre fois c'est «sous-marin». Pas moins de 27 termes ont été recensés par l'Insee dans sa dernière enquête sur le sujet en 1989. Pour les statisticiens, ces subtilités de langage reviennent à désigner la même chose, également répréhensible fiscalement: c'est-à-dire «le travail échappant aux normes légales et statistiques». Mais dans les faits, le choix de tel ou tel mot indique manifestement une gradation dans la réprobation portée à l'usage. Ainsi le travail au noir ou «gris» est-il davantage admis que le travail clandestin. Le premier dans l'esprit des Français ­ lorsqu'ils sont interrogés sur le sujet ­ est «acceptable»; c'est la femme de ménage non déclarée, l'artisan auquel on demande «un coup de main» pour repeindre sa chambre. Alors que le travail «clandestin» rappelle, lui, «l'horreur» de l'esclavage: l'utilisation d'une main d'oeuvre ­ forcement clandestine elle aussi ­ par une entreprise peu scrupuleuse. Il renvoie aussi à des activités productives illicites non déclarées comme la production de drogue ou d'alcool. Il équivaut à des petits ou gros «trafic» en tous genres.

Lorsqu'il est «parallèle», «alternatif», «périphérique», ou «informel», le travail est en revanche perçu comme étant de la débrouille. C'est le petit boulot bien utile, tant pour celui qui le propose que pour celui qui l'utilise. Et personne ne s'offusque non plus du «bénévolat» lorsqu'il recouvre parfois «un trava