Michel Bon, le patron de France Télécom, a pété les plombs, hier au
Sénat. Le cadre: un colloque sur la libéralisation du téléphone. L'ambiance: chaude, car, depuis quelques jours, le monde des télécoms est en ébullition (procès et petites phrases n'épargnant personne, lire Libération du 3 avril). On attendait du sport. On en a eu, mais pas du meilleur.
Vers 11 heures, après des discours interminables et avec une bonne heure de retard, les patrons des principales compagnies de télécoms sont appelés à la tribune pour une table ronde. Passablement énervé, Michel Bon va chuchoter à l'oreille du maître de séance, Gérard Larcher, vice-président du Sénat, qu'il doit impérativement partir à 13 heures. Premiers mots de Bon: «La différence avec le procès Papon, ici, c'est que l'accusateur et l'accusé sont côte à côte à la tribune, et que c'est à l'accusé de parler le premier.» Douteuse métaphore, léger malaise dans l'assistance. Mais Michel Bon l'«accusé» a décidé de vider son sac face à tous ses «accusateurs».
«Chez France Télécom, on se sent très seul aujourd'hui», se plaint-il. Seul face aux «théoriciens du service public: syndicalistes, élus, intellectuels qui, derrière leur façade, ne font que défendre des intérêts particuliers». Sans plus de précisions, mais on sait que France Télécom est critiqué pour se préoccuper de son cours de Bourse plus que de ses obligations de service public. Seul face «à nos concurrents, qui ne souhaitent qu'une seule chose: qu'on ne s'adapte pas