Avant même sa mise en circulation, il est déjà question d'euro sale.
Car le basculement vers la monnaie unique ne concerne pas seulement les gouvernements, les entreprises ou les consommateurs, mais aussi les trafiquants en tout genre. Quelque 1 500 milliards de francs d'argent occulte (liés au trafic de drogue, à la fraude fiscale ou au travail au noir), actuellement libellés dans les différentes devises européennes, préparent leur conversion massive en euro. D'ici au 1er janvier 2002 et à la mise en circulation des nouveaux billets européens, cet argent va devoir sortir des tiroirs. On pourrait alors assister à la plus grande opération de blanchiment de tous les temps.
Les autorités européennes se sont saisies du problème avec retard. En février, le rapport annuel de la commission de l'OCDE chargée de l'argent sale (Gafi) lui consacrait un petit paragraphe: «Les pays membres de l'Union européenne devraient réfléchir à l'adéquation des dispositifs existant de lutte contre le blanchiment aux circonstances exceptionnelles nées de la période de conversion des devises nationales en euro.» Depuis, on réfléchit beaucoup, c'est vrai. Mais sans avoir encore trouvé la solution, tant les intérêts semblent divergents. Un pays comme l'Italie a, le premier, mis en garde ses partenaires sur «les risques de recyclage liés à l'euro» il sait de quoi il parle. En face, la Bundesbank semble avoir d'autres préoccupations: que ces capitaux, effrayés à l'idée de devoir se présenter officiellemen