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Libération

Le gréviste, une espèce en voie de disparition. Jamais il n'y avait eu si peu de grèves depuis 1935.

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publié le 16 avril 1998 à 22h58

Soudainement, la grève prend un coup de vieux. En 1997, le nombre de

journées individuelles non travaillées a chuté de 21%. Avec seulement 352 840 jours de grève, c'est le plus mauvais cru depuis cinquante ans. Ce reflux de la vindicte sociale était prévisible, par rapport au pic de 1995 marqué par le mouvement contre la réforme de la Sécu présentée par Alain Juppé (2 millions de jours de grève), sans même parler du record historique de 1968 (150 millions de jours). Mais la tendance globale à la baisse reste très marquée, selon les statistiques publiées hier par le ministère de l'Emploi: 3,5 millions de jours de grève (en moyenne annuelle) dans la décennie 70, 1,3 million dans la décennie 80, 700 000 depuis le début des années 90. Deux fois moins de grèves tous les dix ans.

Une autre méthode de calcul est encore éclairante: seulement 109 299 salariés se sont mis en grève l'an dernier (sur un total de 16 millions). Cette fois, il faut remonter à 1935 pour retrouver une aussi fai-ble mobilisation. Comme les chiffres précédents, ce dernier inclut le secteur public (SNCF, EDF, Air France") mais pas la fonction publique (ministères, éducation nationale, hôpitaux").

L'étude du ministère reprend la plupart des explications habituelles: hausse du chômage, désyndicalisation, recours massif au travail précaire" Autant de facteurs qui n'incitent pas à se mettre en grève. Elle relève au passage que l'immense majorité des conflits sociaux en 1997 fut d'origine locale. Les grands mots d'ord