La crise asiatique a montré les limites d'une globalisation
financière sans garde-fou et justifie le regain d'intérêt pour réformer le système financier international. Les mesures envisagées au G7 seront-elles suffisantes? Dominique Plihon (1), professeur d'économie à l'université Paris-XIII et spécialiste des questions financières internationales émet des réserves.
Les pays industrialisés se sont réunis hier à Washington pour discuter des réformes du système financier international. Quelles leçons devraient-ils tirer de la crise asiatique? Il est ironique de constater que ces argentiers qui déplorent aujourd'hui les excès de la finance internationale sont ceux-là mêmes qui ont accéléré sa libéralisation. Cette crise est une bonne illustration de la croissance excessive et non maîtrisée du marché des capitaux. Pour financer l'économie réelle au niveau mondial, c'est-à-dire répondre au besoin de financement des pays déficitaires, il suffirait d'environ 300 milliards de dollars par an. Or, depuis la libéralisation de la finance internationale, au début des années 80, ce sont 1 200 milliards de dollars qui sont échangés chaque jour sur les marchés des changes. Sur cette somme, 70% correspondent à des opérations purement spéculatives. Ceci montre à quel point les mouvements de capitaux sont de plus en plus déconnectés de la sphère productive. La crise asiatique nous donne une autre leçon: les marchés ne savent pas s'autoréguler. Si de tels inconvénients existent, pourquoi avoir