Tokyo, de notre correspondante.
«La direction veut baisser nos salaires en disant qu'on doit s'adapter à la concurrence. Mais si Ana va mal, c'est parce qu'elle a été très mal gérée depuis des années.» L'auteur de ce coup de gueule, Y.N., 35 ans, est copilote chez All Nippon Airways, la deuxième compagnie aérienne japonaise. En grève depuis douze jours. «Qu'on arrête de nous parler de nos hauts salaires! Les problèmes ne viennent pas de là. Si la direction faisait réellement toute la lumière sur les comptes de la compagnie dont elle a camouflé la réalité, nous serions sûrement dans une situation comparable à celle de Yamaichi!» (1) Une vraie grève. Ce mouvement qui dure depuis le 7 avril est du jamais vu. Ce n'est pas une grève habituelle «à la japonaise» (on porte un brassard «gréviste» tout en continuant à travailler). Il s'agit cette fois d'une vraie grève qui cloue au sol les Boeing 747, les pilotes ayant volontairement limité le mouvement aux liaisons internationales. Des dizaines de vols vers l'Europe et l'Amérique du Nord ont été annulés, affectant 15 000 passagers.
Le mouvement a démarré par une histoire de gros sous. La nouvelle grille salariale mise en place par la direction au 1er avril conduit à une réduction du salaire fixe des pilotes d'environ 15%. Le système antérieur, établi il y a plus de trente ans, leur garantissait le paiement de 65 heures mensuelles de vols, quel que soit le temps de vol effectif. Mais depuis, le temps de vol a diminué, il n'est plus que