Odile, 44 ans, travaille au service des ressources humaines d'une
grande banque. Elle fait partie de la maison depuis vingt-cinq ans et gagne 8 500 F net par mois. «Parfois, à la sortie du boulot, je suis prise de vertiges. Je rentre rarement directement chez moi. Je marche. Au hasard. Quand j'arrive et que je pose mon manteau dans le placard, j'ai envie de m'y mettre aussi, de rester là, de ne voir personne. Je suis tellement lasse. Je me sens vidée. Je passe des soirées entières sur le canapé. J'allume mais je serais dans le noir, ce serait la même chose. Je ne sais pas ce que je lis, je ne sais pas ce que je regarde à la télé. Je ne reçois plus. Je n'appelle plus. Je laisse tout en plan, mes enfants, mon mari, mes rendez-vous chez le médecin, mes dossiers de Sécu. C'est comme si je n'arrivais plus à penser à autre chose qu'au travail. Même la nuit. Je me repasse le film de la journée, je liste les trucs qu'il faut absolument que je fasse le lendemain. J'ai peur d'oublier un détail. Le matin, j'ai mal partout. Je ne peux plus tenir ma brosse à dents. Quand j'arrive au bureau, j'ai l'impression d'avoir déjà ma journée de travail derrière moi. Certains jours, je prends du Lexomil [un anxiolytique, ndlr].
Migraines. Il faut voir mon bureau. J'ai tellement de dossiers que je cherche ma souris en permanence. Je consacre toute mon énergie à faire diminuer cette pile de dossiers et elle continue à grossir. Je commence un truc, on m'en rajoute un autre plus urgent, et encore un aut