On agit comme on peut. Le ministre français de la Défense, Alain
Richard, qui donne de plus en plus l'impression de se laisser déborder par les affaires de restructurations industrielles, s'est résolu à sortir l'arme suprême: l'invitation à dîner. Dans un ultime sursaut, il a convié lundi soir à sa table, sous les ors de l'hôtel de Brienne, cinq ministres ou secrétaires d'Etat européens de la Défense (Allemagne, Espagne, France, Italie, Royaume-Uni) pour deviser des blocages qui empêchent les rapprochements industriels prévus au sein de l'aéronautique civile et militaire européenne. Toute analogie avec le titre d'un film récemment sorti sur les écrans français serait parfaitement malveillante. Car, à la décharge d'Alain Richard, il y avait urgence à faire le point. Depuis quelques semaines en effet, les coups semblent partir dans tous les sens.
Le dîner pourtant fut très indigeste. C'est du moins ce qui ressort de la déclaration conjointe publiée dans la soirée de lundi. Pour résumer, les ministres concernés, qui planchent sur le sujet depuis l'année dernière, se sont donné une nouvelle date butoir pour tenter d'aplanir leurs différends. C'est promis, juré, craché: en juin, ils approuveront de conserve une lettre d'intention sur les moyens «d'éliminer certains obstacles aux restructurations industrielles» européennes. Des obstacles très sérieux et bien concrets liés à la sécurité d'approvisionnement, aux procédures d'exportation, au financement de la recherche et de la technol