Une bombe risque d'exploser sous le nez des banques commerciales. La
Poste, artificier en chef, a déposé hier une offre de reprise du Crédit foncier de France (CFF). Le geste peut paraître anodin, mais, si sa candidature était retenue, La Poste obtiendrait indirectement ce sésame: le droit de prêter de l'argent. Avec le CFF, son fichier de 1,5 million de clients, sa logistique, l'ami facteur ferait un malheur dans le paysage bancaire.
On l'avait presque oublié, mais le Crédit foncier est toujours vivant. Condamné à mort par le gouvernement Juppé, il reste sous perfusion grâce à la mobilisation de ses salariés, qui n'avaient pas hésité à séquestrer leur PDG. Un an plus tard, le paysage a radicalement changé. Le krach immobilier, qui avait plombé le Foncier, est effacé. Les banques, tombées dans la marmite de la mondialisation, ne parlent plus que de fusionner entre elles. Dès lors, le Crédit foncier est redevenu désirable: l'Etat français, qui l'avait nationalisé en catastrophe pour 2,4 milliards de francs, va réaliser une belle plus-value à la revente.
La clôture de l'appel d'offre, hier, a confirmé cet engouement. Parmi les prétendants, l'américain General Motors. Cet industriel n'envisage pas devenir banquier mais sait depuis longtemps qu'il faut prêter de l'argent aux clients pour vendre des voitures. Il veut faire du Crédit foncier une tête de pont pour débarquer en Europe.
Diplomate, General Motors cherche un partenaire pour franciser son offre. Opportuniste, la Poste