Bonn, de notre correspondante.
Huit heures et demie de débat avant d'en arriver au fait: le Bundestag, chambre basse du Parlement allemand, a mis les formes hier avant d'enterrer le bien le plus symbolique du pays, le deutschemark. Ce n'est qu'au terme de ce long fleuve rhétorique, que l'assemblée est passée à un vote qui ne faisait plus aucun doute de toute façon: 575 députés ont chargé le gouvernement d'approuver le lancement de la monnaie européenne à onze pays, comme la Commission européenne l'a recommandé. 5 députés se sont abstenus. 35 ont voté contre: quatre sociaux-démocrates «dissidents», plus l'ensemble du groupe PDS, héritier du Parti communiste de l'ex-RDA. Chrétiens-démocrates, sociaux-démocrates, libéraux et Verts ont mêlé leurs voix en faveur de la monnaie unique européenne.
Kohl joue l'optimisme. «Je suis sûr que d'ici quelques années, l'euro sera aussi bien accepté que le mark aujourd'hui, a assuré le chancelier chrétien-démocrate Helmut Kohl. Je suis convaincu que le succès du deutschemark trouvera son prolongement dans le succès de l'euro.» Pour le moment, la quasi-unanimité de la classe politique en faveur de l'euro tranche pourtant avec l'hostilité de l'opinion publique. Près de 60% des Allemands s'opposent encore à l'abandon du deutschemark indiquent les derniers sondages. Le rejet semble certes s'atténuer (au début de l'année, les sondages signalaient plus de 70% d'opposants), mais reste écrasant.
Gerhard Schröder, le rival social-démocrate de Kohl aux l