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EMPLOI. Contrats: l'entreprise s'éclate.Travail précaire, temps partiel, horaires décalés"" Les statuts se multiplient au sein d'une même société. Une cohabitation difficile.

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publié le 27 avril 1998 à 23h43

Dans les entreprises, on les entend parfois être désignés par leur

statut: «demande au CDD», «va voir le temporaire» ou bien, plus provocant, «appelle le précaire». C'est désormais de plus en plus souvent le contrat qui fait la différence. Et non plus la fonction. Car aux mêmes tâches, dans un même atelier, dans un même bureau, sont employés des gens à statuts très différents. Il y a les contrats à durée indéterminée (CDI) «plein temps», qui travaillent aux côtés des contrats à durée déterminée (CDD), des intérimaires, des temps partiels, des sous-traitants, des consultants, des stagiaires, des emplois aidés" La fin du collectif. Au fil des recrutements, des restructurations, des opportunités d'allégements de charges", les contrats de travail se sont multipliés comme des lapins. Ils forment autant de pièces d'un puzzle de plus en plus compliqué à reconstituer. Et le bon vieux tronc commun qui unissait les salariés d'une même entité est en train de pourrir sur pied. Au profit, comme l'explique Béatrice Appay, sociologue, d'une «individualisation des contrats» (lire son interview page V). Or, dans la situation actuelle de l'emploi, celle-ci n'est pas synonyme d'amélioration.

Au contraire, faute de parvenir à obtenir de leurs «anciens» salariés les concessions nécessaires, les entreprises se rattrapent sur les nouveaux entrants. Ce sont en effet eux qui grossissent aujourd'hui les rangs des temps partiels, des horaires décalés. Et cela risque de ne pas aller en s'améliorant. Dan