Menu
Libération

EURO. Histoire intime de la monnaie unique à la veille du sommet de lancement (4). Le putsch des banquiers centraux. Comment Paris a été piégé par la candidature de Duisenberg à l'eurobanque.

Article réservé aux abonnés
publié le 30 avril 1998 à 23h58

Tout commence par un dîner à Francfort, le lundi 13 mai 1996. Les

quinze gouverneurs des banques centrales de l'Union européenne sont présents, ainsi que le Belge Alexandre Lamfalussy, président de l'Institut monétaire européen (IME), l'embryon de la future Banque centrale européenne (BCE).

L'accord est simplement constaté. Le baron Lamfalussy a décidé de ne pas demander le renouvellement de son mandat, et son successeur à la tête de l'IME sera Wim Duisenberg, le gouverneur de la Banque centrale des Pays-Bas. Il prendra ses fonctions le 1er juillet 1997. «Même s'il n'y a pas eu de débat sur ce thème et aucun engagement collectif, il ne faisait aucun doute dans l'esprit des participants que Wim Duisenberg serait le premier président de la BCE» (1), se souvient l'un des témoins de ce dîner. Pour le club très sélect des banquiers centraux, Wim Duisenberg est le candidat idoine: proche, très proche de Hans Tietmeyer, le président de la Bundesbank, ancien ministre des Finances travailliste converti aux vertus de la rigueur budgétaire et monétaire, artisan du florin fort, il rassurera l'opinion publique allemande. Jean-Claude Trichet, le gouverneur de la Banque de France, qui dans les médias était jusque-là toujours présenté comme celui qui avait le plus de chances de prendre ce poste prestigieux, ne pipe mot. Les rapports de force ne sont pas en sa faveur, et, selon ses collègues, il préfère «sacrifier ses ambitions à l'euro». Il sait que l'Allemagne, terrifiée à l'idée de renoncer