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Libération

SPECIAL ISRAEL. Le kibboutz, dernière tranchée socialiste. Le fonctionnement de ces collectivités surendettées est remis en cause.

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publié le 30 avril 1998 à 22h57

Kibboutz Harel, envoyé spécial.

Parce qu'il célébrait une conception spartiate de la vie, une colonie collectiviste censée représenter la société la plus juste au monde, le kibboutz a fasciné Marika Jettli. C'était au début des années 70. Elle décide alors de tout plaquer: sa Norvège natale, sa famille, ses études" Aujourd'hui, elle est membre du Kibboutz Harel.

Ici, entre Tel-Aviv et Jérusalem, de colline en colline, les kibboutzim jouent à cache-cache. Verdoyant et paisible, celui de Marika est blotti dans les replis d'une vallée. Un territoire bordé de fleurs, avec ses pelouses, sa piscine, ses terrains de jeu, son école: malgré son apparence de station estivale, Harel est encore un kibboutz. Au centre du village, s'élève la salle à manger commune, vaste local semblable à un hôtel de ville. Un peu plus loin, des granges, des étables, des poulaillers et des garages. Une micro-société qui respecte encore le credo dominant d'un esprit kibboutz: «De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins.» Le principe du salaire égal est respecté et le travail est distribué selon la capacité et la volonté de chacun. Quant à la démocratie directe, elle n'a rien perdu de sa vitalité originelle et les assemblées continuent d'être le lieu des débats sans fin où tout est décidé par vote: rotations du travail, études d'un jeune à l'université, investissements" Pourtant, dans sa petite maison, semblable aux autres, Marika parle de sa déception, de ses rêves d'autrefois lorsqu'elle colo