Ofakim, envoyé spécial.
Une route, tirée au cordeau à travers un paysage plat et poussiéreux, mène à un hangar abandonné. Une végétation folle recouvre les clôtures. Un arbre, frappé par la foudre, gît sur un toit de tôle. Au carrefour, le panneau indiquait une zone industrielle. Mais on ne voit qu'édifices rouillés et fantomatiques. Ofakim devait incarner l'esprit pionnier et le progrès technique au milieu du désert du Néguev, à une cinquantaine de kilomètres de la frontière égyptienne. Cette terre a aujourd'hui des allures de terrain vague.
«Cela fait quatre ans que nous battons les records de chômage, tempête Yossi Marciano, secrétaire de la Histadrout, la puissante centrale ouvrière. Tous les diplômés partent vivre ailleurs. Seuls les plus pauvres restent.» Dans son bureau, il conserve un grand portrait de David Ben Gourion, le père fondateur qui rêvait d'un Néguev habité et prospère. De «ville de développement», Ofakim est devenue sous-développée. Le dirigeant syndicaliste n'en tient pas rigueur à son idole: «Son rêve a échoué. Mais il fallait bien peupler la région. On ne pouvait pas tous s'entasser à Tel-Aviv.» La photographie de Benyamin Netanyahou a, en revanche, disparu. Dans un geste de colère, Yossi Marciano l'a décrochée. En décembre, le Premier ministre a été accueilli avec des pneus brûlés, des poubelles renversées et des poignées de cailloux. Huit habitants sur dix avaient pourtant voté pour lui en 1996. C'était avant qu'Ofakim atteigne un nouveau pic de chô