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Libération

Iwan, ouvrier indonésien, en grève contre l'hyperinflation. «On vient de manger le dernier poulet».

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publié le 11 mai 1998 à 3h14

Jakarta, correspondance.

Il est 3 heures de l'après-midi à Balaraja, petite ville de la banlieue industrielle de Jakarta. Iwan devrait être à l'usine. Pourtant, il est là, assis dans la pièce unique de son logement situé à deux pas des premiers entrepôts. Une petite maison qu'il partage avec ses parents et son épouse. Dans la pièce aux murs jaunis, un poste de télévision, une paillasse roulée en boule, un ventilateur minuscule et quelques photos de mariage. Décor élémentaire pour des vies frappées de plein fouet par la crise économique que connaît, depuis neuf mois maintenant, l'Indonésie.

Iwan travaille 45 heures par semaine pour PT, Sastria Raya Keramindo Indonesia, une entreprise de céramiques appartenant au groupe Lyman. Mais, avec les mille autres ouvriers de l'usine, Iwan est en grève depuis cinq jours pour obtenir une augmentation de salaire de 35%. Cela semble beaucoup, mais le taux d'inflation cumulé depuis le début de l'année atteint ce mois-ci le niveau record de 30%. Et ce taux va encore s'accroître avec la décision du gouvernement de lever les subventions aux produits énergétiques (carburant et électricité). Une mesure drastique, voulue par le FMI, et qui a provoqué une hausse de 71% des prix à la pompe.

Première grève en huit ans. C'est cette décision qui a fait déborder le vase. Deux jours après l'annonce du ministre des Mines et de l'Energie, Iwan et ses confrères sont allés demander à leur patron de compenser la nouvelle diminution de leur pouvoir d'achat (Iwa