Didier Migaud est rapporteur général (PS) de la commission des Finances de l'Assemblée nationale. Lors du débat sur l'euro au Parlement, il a estimé que l'indépendance de la Banque centrale européenne est forcément relative.
Comment jugez-vous les volontés d'autonomie des banquiers centraux?
L'indépendance, ce n'est pas l'isolement. Toutes les institutions doivent rendre des comptes. Aux Etats-Unis, le président de la Réserve fédérale se rend devant le Congrès. La Banque centrale européenne doit elle aussi rendre des comptes devant le Parlement européen et les parlements nationaux. Je rappelle que la première légitimité procède du peuple et de ses représentants élus, qui, eux, sont responsables devant lui.
Comment ce contrôle peut-il s'exercer efficacement?
Il faut que l'Assemblée nationale puisse auditionner le président de la Banque centrale européenne, de la même façon qu'elle peut aujourd'hui entendre le gouverneur de la Banque de France. L'Assemblée a, par ailleurs, adopté l'amendement de Valéry Giscard d'Estaing, demandant la création d'un comité parlementaire de l'euro, composé à parité de députés européens et de membres des commissions des Finances des parlements nationaux. Le gouvernement français devra engager des démarches en ce sens auprès des partenaires de la zone euro. Je souhaite aussi que les comptes rendus des réunions de la BCE soient rendus publics: cela existe aux Etats-Unis, et il n'y a pas de raison de penser qu'une telle transparence aurait des effets négatifs. Enfin, le Conseil de l'euro est une institution importante qui doit s'affirmer à côté de la BCE.
Que pensez-vous du psychodrame auquel a donné lieu la nomination du président de la banque?
Je me réjouis q