Tokyo envoyé spécial
Kenichi, 21 ans, et Yasuo, 22 ans, entament leur quatrième et dernière année d'études de sciences politiques à Hosei, l'une des universités privées de la capitale. Le premier veut travailler dans la construction, le second rêve d'entrer dans une compagnie ferroviaire. Pour eux, le marathon des rendez-vous a commencé. C'est une tradition japonaise: avant même de décrocher leur diplôme, les étudiants se rendent à des entretiens et des tests d'embauche organisés par les entreprises, qui font ainsi leur «marché» parmi les candidats. A l'époque où l'économie tournait rond, les postulants étaient sélectionnés à partir de mars-avril, puis embauchés tous en même temps, en octobre ou novembre. Il leur suffisait ensuite de finir leurs études en mars, pour commencer à travailler en avril.
La machine s'est enrayée avec la récession. Kenichi et Yasuo le savent bien: «On est tombé au plus mauvais moment, mais on ne peut rien y changer. Alors, on fait de notre mieux.» Ils se sont offert l'uniforme du «salaryman», costume sombre, cravate noire et chemise blanche, indispensable pour espérer décrocher un poste. Le service de placement de l'université, fort de quatorze permanents et d'un bataillon d'intérimaires, les aide dans leur recherche. A sa tête, Kawano Kazumaro passe une grande partie de son temps à tenter de convaincre les entreprises de lui confier leurs offres d'emploi les plus intéressantes. La concurrence est rude: les meilleures offres vont d'abord aux univers