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Japon: portraits d'un pays en crise (2) Un matin, à l'ANPE d'Iidabashi"" Depuis l'après-guerre, les demandeurs d'emploi n'ont jamais été aussi nombreux.

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publié le 12 mai 1998 à 2h37

Tokyo envoyé spécial

L'endroit ressemble un peu à une banque. Rien à voir, en tout cas, avec le décor criard et faussement moderne des ANPE françaises. Dans cet immeuble pimpant du quartier d'Iidabashi est installée l'une des 18 shokuans (agences pour l'emploi) de la capitale japonaise. La grande salle du deuxième étage est divisée en différents secteurs, en fonction de l'âge des chômeurs: moins de 24 ans, 25-34 ans, 35-44 ans, et ainsi de suite jusqu'aux plus de 55 ans. Dans chaque zone, plusieurs dizaines de demandeurs d'emploi feuillettent de petits dossiers où sont rassemblées les offres des entreprises. D'autres attendent, sagement assis sur des chaises alignées en rangs d'oignons, que l'un des conseillers installés un peu à l'écart, chacun devant un petit bureau, les reçoive.

Hausse constante. Les 193 fonctionnaires de l'agence d'Iidabashi s'occupent de plus de 21 000 demandeurs d'emploi. Un chiffre en augmentation constante depuis quelques mois. «Le marché du travail a traversé une période difficile après l'éclatement de la bulle financière au début des années 90, raconte l'un des responsables de l'agence, Seiichi Mochida. Après quoi, on a connu une petite amélioration. Mais depuis quelques mois, surtout depuis janvier, ça s'aggrave à nouveau.» A l'échelle du pays, la situation est tout aussi catastrophique. Le nombre de chômeurs a grimpé de 12% en mars, avec 310 000 inscrits supplémentaires. 2,77 millions de Japonais au total sont aujourd'hui sans emploi, soit 3,9% de