C'est la fin du superbe isolement de Dassault. Après vingt ans
d'atermoiements, l'Etat a décidé de transférer au groupe public Aérospatiale les 46% qu'il détient dans le capital de Dassault Aviation, afin de favoriser un «rapprochement» entre les deux avionneurs, au moment où l'industrie aéronautique européenne se restructure de fond en comble. Officialisée deux jours après l'annonce de l'échec du Rafale aux Emirats arabes unis (au profit des avions de combat américains), cette opération marque un tournant pour Dassault.
Celui-ci se trouve désormais arrimé à Aérospatiale et contraint d'une façon ou d'une autre de discuter sérieusement avec le britannique British Aerospace l'autre avionneur militaire européen avec qui il discute très peu sérieusement depuis longtemps déjà. L'objectif affiché par les pouvoirs publics français est de voir ces deux groupes créer une filiale commune dans les avions de combat. Celle-ci deviendra ainsi, à terme, une filiale de la grande société européenne aéronautique civile et militaire qui naîtra peut-être un jour de la fusion des activités du français Aérospatiale, du britannique British Aerospace et de l'allemand Dasa.
D'où l'importance du rapprochement des deux avionneurs français. Celui-ci amène Dassault à quitter le strapontin qu'il occupait jusqu'à présent dans les discussions européennes et à valoriser la part française dans ces négociations, puisque les fonds propres d'Aérospatiale vont se trouver renforcés de la valeur de Dassault Avia