Toulon envoyé spécial
Provoqué par la décision de confier la réparation d'un navire de la marine nationale au secteur privé, le conflit social autour de l'arsenal de Toulon a pris hier un tour gênant pour le gouvernement. D'un côté, au 24e jour de grève, les syndicats ont réussi leur démonstration de force en réunissant 5 000 (selon la police) à 12 000 manifestants (selon les organisateurs) à Toulon. De l'autre, les salariés du chantier naval marseillais CMR, pressenti pour effectuer les réparations à la place de l'arsenal, ont exprimé hier en assemblée générale leur refus de faire le travail, selon la CGT, syndicat unique.
Le ministre Alain Richard devait s'attendre à ce bras de fer en décidant, début mai, de confier la réparation du pétrolier-ravitailleur le Var, endommagé dans une collision, à la société privée Technitas, filiale du bureau Veritas, qui proposait un devis moitié moins cher que la DCN (Direction des constructions navales) de Toulon, et un délai de livraison plus rapide. Mais le principe d'une mise en concurrence a provoqué la colère immédiate des syndicats toulonnais. Ils voient, dans toute brèche au monopole étatique, le début de la fin pour les salariés civils des arsenaux et leur statut particulier. «Il n'y a pas à nous comparer au privé!», disait hier un syndicaliste FO. «Le ministre casse la plus grande entreprise industrielle du Var!», affirmait un représentant CGT. Hier, les syndicats ont réitéré leur préalable à toute négociation: le maintien du Var