La politique est un art multiforme dont le Crédit lyonnais n'a pas
tout à fait fini de faire les frais. Karel van Miert et Dominique Strauss-Kahn se risquent à une dernière passe d'armes, histoire de savoir qui du héraut de Bruxelles ou du fer de lance de l'Etat français tirera le meilleur parti du règlement du dossier financier le plus épineux de cette fin de siècle. Techniquement, le sort de la banque publique est scellé. Mercredi, la commission européenne donnera officiellement son feu vert au plan négocié entre le ministre français de l'Economie et le commissaire européen à la Concurrence. Tout le monde étant d'accord, plus rien ne semblait devoir empoisonner les relations entre DSK et Karel van Miert. Erreur. Car de part et d'autres, on a une soupe à vendre.
Bruxelles, qui veut faire de l'affaire Lyonnais un exemple repoussoir pour tous les membres de l'Union distille, en substance le message suivant: démonstration est faite que l'octroi d'aides publiques indues à des entreprises est si sévèrement sanctionné que leurs bénéficiaires s'en repentent pour longtemps. A Paris, on en a oublié de déglutir. La France peut difficilement laisser dire que la banque, qu'elle s'est engagée à privatiser d'ici à octobre 1999, est durablement au tapis. C'est faire passer DSK pour un négociateur de pacotille. Surtout, c'est acculer l'Etat français à vendre la banque de gré à gré (c'est-à-dire à un seul repreneur, les petits porteurs prenant prudemment leur distance) à prix sacrifié.
La ripo