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Libération

Billancourt 68, douloureux retour sur images. Il y a 30 ans, des ouvriers CGT entamaient une grève chez Renault. Retrouvailles samedi.

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publié le 18 mai 1998 à 1h29

La Salle des métallurgistes, dans le XIe arrondissement de Paris,

avec son estrade à l'ancienne et ses rideaux rouges, fait plus années 50 que 60. C'est pourtant là que, samedi, la CGT de Renault-Billancourt s'est rassemblée pour se souvenir du 16 mai 1968, premier jour d'une grève qui allait durer plus d'un mois. L'anniversaire ne pouvait se tenir sur les bords de Seine l'usine est en effet fermée depuis plusieurs années.

Deux cents personnes se sont donc retrouvées rue Jean-Pierre-Timbaud. Les plus nombreux ont quitté l'entreprise et sont à la retraite, beaucoup d'autres approchent de l'âge fatidique. On évoque les ateliers par leurs numéros, le «77», le «55», ou encore «l'Artillerie» (en fait l'atelier outillage). L'homme du jour, c'est Aimé Halbeher, secrétaire général du syndicat CGT Renault en 1968. Aujourd'hui en retraite, il dirige les débats comme s'il était encore le patron. Avec un leitmotiv, une tache à laver: «Non, Séguy n'est pas venu chez Renault faire reprendre le travail au matin des accords de Grenelle.» Il présente la preuve filmée, 33 jours en mai, un film quasi inédit, tourné dans l'usine pendant l'occupation par le cinéaste François Chardeaux. Passent les images qui manquent dans la mémoire de 68: le vote par l'assemblée générale ­ 1010 000 à 15 000 ouvriers ­ de la poursuite de l'occupation, avant la venue du secrétaire général de la CGT. Ce dernier, qui s'invite sans prévenir, ne peut plus alors que présenter les termes de l'accord et recueillir les sif